Rea, en profondeur
Wednesday, 30 October 2019 09:54 GMT
À la fois Champion du Monde et mari et père, Jonathan Rea conjugue parfaitement chaque aspect de sa vie.
Jonathan Rea (Kawasaki Racing Team WorldSBK) n’a aucunement besoin d’être présenté. Ses records parlent pour lui. Avec cinq titres mondiaux depuis 2015 et 88 victoires à son actif, il a également enregistré des points dans chacune des courses de la campagne 2019. Né en Irlande du Nord en 1987, Rea a commencé à piloter sur l’asphalte en 2003, après une jeune carrière en motocross. Depuis, il est devenu le meilleur pilote de l’histoire du WorldSBK et une légende de la compétition moto. En plus d’être un athlète professionnel, Rea est entièrement dévoué à sa famille et parvient à rester un homme normal en dehors de la piste. Worldsbk.com vous présente le quintuple Champion du Monde comme vous ne l’avez jamais vu.
La plupart des pilotes se hissent très vite au sommet, mais j’ai dû me battre chaque week-end pour survivre. Géographiquement, c’était difficile depuis l’Irlande du Nord. Quand j’ai commencé la course sur route, mon père et moi devions prendre le bateau jusqu’en Angleterre chaque week-end pour ensuite prendre la voiture pour toutes les courses. Mon père m’a parfaitement géré, il me comprenait, même dans les moments les plus difficiles et je pense qu’il m’a modelé, tout ce qu’il a fait a eu un profond impact sur tout ce que j’ai réalisé.
Les plus grandes leçons de vie que j’ai apprises vient de mes années les plus compliquées. Mon éducation en motocross m'a également aidé à réaliser ce que j'ai accompli. J'ai dû faire face à des accidents qui aurait pu mettre un terme à ma carrière et j’ai affronté des moments très durs avant de devenir Champion.
Maintenant, je peux me regarder dans le miroir et me dire « Je fais de mon mieux ». J’ai maintenant 32 ans, je commence à apprendre à m’aimer. Quand j’étais jeune, j’avais l’habitude de me mettre en colère quand je passais une mauvaise journée. Mais avec l’expérience, l’âge et une famille à vous, vous commencez à être plus rationnel et je pense que je deviens plus sage.
Quand je suis sur la piste, les projecteurs sont sur moi, mais à la maison, tout est centré sur les enfants. Quand je suis chez moi, j’essaie de ne pas penser à la moto. Je suis ce qu’on appelle un « foodie », j’adore cuisiner. Parfois, Tatia et moi cuisinons comme si nous étions dans Master Chef ! J’aime les choses simple, comme partager une bouteille de vin avec ma femme et mettre les enfants au lit. Les deux jouent au football et le week-end, je vais au terrain avec eux.
J’ai un bon équilibre avec le WorldSBK, c’est parfait pour moi car je peux conserver une certaine normalité à la maison. La plus grande différence entre mon premier titre et maintenant, c’est que les gens sont plus intéressés, je suis plus occupé pour des raisons marketing. Mais je reste un père, un mari, quelqu’un de normal qui s’entraîne et participe à des activités médiatiques.
Avoir une famille est la chose la plus difficile que vous puissiez faire dans la vie, et cela vous fait réaliser qu’il y a plus important que la compétition. J’adore ce sport. Les motos, c’est tout ce que je connais mais je sais que c’est une vie égoïste. Vous voyagez tout le temps, ce n’est pas normal quand vous avez deux enfants. Cela serait dommage de m’arrêter mais cela dépendra aussi de ce que voudront faire mes fils. S’ils décident de continuer le football, ou autre chose, et qu’ils doivent voyager, alors je devrais les aider. J’ai l’impression que ma famille a mis sa vie sur pause pour que je puisse vivre mon rêve.
« Entoure toi des bonnes personnes », c’est le premier conseil que je donne à ceux qui sont dans notre milieu, et cela concerne aussi bien la famille que l’équipe. Les gars du KRT sont comme des frères pour moi et cela rend le week-end plus facile à vivre, même si cela ne se passe pas très bien. Quand je réalise une mauvaise performance, j’ai hâte d’aller dîner avec eux, et plaisanter de tout et de rien.
En WorldSBK, l’ingénierie est importante mais l’humain fait toujours la différence. J’ai gagné mes titres parce que j’avais un bon package, mais il y a plus. Vous devez aussi gérer les attentes et surtout, apprécier de courir.
J’ai pensé à la retraite en 2016. Par le passé, mon objectif était de remporter au moins une couronne mondiale. Mon grand-père avait pour habitude de me dire : « Un jour, tu deviendras Champion du Monde » et j’ai toujours gardé cela avec moi. C’était quelque chose auquel je m’accrochais. J’aurai pu prendre ma retraite en 2015 mais j’aime trop courir pour arrêter. Mon but à présent, c’est de continuer à essayer de gagner parce que je m’amuse vraiment !
Je n’ai pas encore réalisé que j’ai à nouveau gagné le titre. C’était tellement inattendu de gagner à Magny-Cours que quand c’est arrivé, je n’étais pas prêt. Je pense que quand j’irai aux FIM Awards et que je récupèrerai le trophée et ma médaille avec les autres champions, alors cela deviendra réel.
Cette année, j’ai appris à ne jamais abandonner et à croire en moi plus que jamais. De l’extérieur, j’ai l’air d’être fait de glace mais c’était dur. Surtout quand nous avons réalisé à quel point la nouvelle Ducati était performante dans certains domaines où nous ne pouvions l’être. Álvaro a vraiment élevé le niveau, et nous avons donné notre maximum à chaque instant. Nous avons marqué des points dans chaque course cette année et j’en suis très fier.
Je ne suis pas assez bête pour croire que je vais gagner pour toujours. Je sais qu’un pilote me battra un jour, ou qu’une moto sera plus performante, à moins que ce ne soit à cause d’une blessure. Il y aura des moments difficiles mais je veux continuer ! Nous verrons bien ce qu’il se passera !
Il y a une petite partie de moi qui aurait aimé avoir une chance en MotoGP™ avec une moto compétitive. Mais je n’ai jamais eu cette opportunité, donc je n’ai pas de regret. J’ai fait beaucoup d’erreur mais il n’y en a aucune que je regrette.
À chaque fin de saison, je m’offre un petit plaisir. J’ai une collection de montres, je me suis achetée la première quand j’ai fait mes débuts en WorldSSP. C’est un cadeau que je me fais à moi-même à la fin de l’année.
Une chose que les gens ne savent pas sur moi, c’est que j’ai la foi. J’ai le sentiment que quelqu’un veille sur moi. Quand quelque chose me perturbe, je demande toujours de l’aide et on m’offre de bons conseils. Cette année, je me souviens d’une course où j’ai quitté le box et j’ai demandé de l’aide. Et quelque chose est arrivée, que je ne peux pas dire, mais cela a transformé ma saison. Voilà pourquoi à chaque tour de ralentissement après l’arrivée, je pointe vers le ciel.
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