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Assurer leurs arrières : Que fait un assistant pilote en WorldSBK ?

Tuesday, 22 February 2022 08:25 GMT

Des parcours différents, des objectifs communs : rencontrez celles et ceux qui canalisent les pilotes.

Il était une fois, dans une galaxie de course très, très proche, le rôle de l’assistant pilote était presque inexistant. Bien sûr, certains pilotes et certaines équipes comptaient des assistants qui les aidaient, mais il s’agissait souvent de personnes qui avaient d’autres fonctions à jouer ou qui étaient juste des amis ou des membres de la famille, qui donnaient simplement un coup de main. Aujourd’hui, en Championnat MOTUL FIM World Superbike, ils sont nombreux, mais que fait exactement l’assistant, ou helper, en WorldSBK ?
 
Auparavant, la plupart des pilotes préparaient eux-mêmes leur équipement, leurs boissons ou n’avaient pas le choix s’ils étaient trop occupés. Mais de plus en plus, les assistants se chargent de presque tout ce qui n’est pas relatif à la technique pendant un week-end de course. Cela permet à leur poulain de se consacrer à la course, aux débriefings, à leur réflexion, au sommeil et à la manière de gagner… 
 
L’assistant le plus visible est celui de longue date de Jonathan Rea et le conducteur de son motorhome, Kevin Havenhand. Il est particulièrement connu non seulement parce qu’il est aussi proche de Jonathan durant les séances que l’autorisent les règles de distanciation sociale, mais également parce qu’il est très grand et qu’il occupe l’écran. Kev, comme l’appellent Jonathan et les autres, a choisi une voie très différente lorsqu’il a quitté l’école en Angleterre, mais ce parcours nécessitait dévouement et concentration. « Pour faire simple, j’ai passé 26 ans dans l’armée britannique, avoue Kev. J’ai été promu dans les rangs. Je suis allé aussi haut que possible en tant que soldat, puis j’ai été promu capitaine. » 
 
Ne pouvant finalement pas participer à des missions opérationnelles, Kev s’ennuyait dans le travail de bureau qu’il devait inévitablement faire après une promotion et il en a vite perdu l’étincelle. En tant que chauffeur du motorhome de Rea, il s’impatientait de pouvoir conduire à nouveau. Il a donc demandé à Ronald Ten Kate s’il y avait un poste à pourvoir à l’hospitality. Durant un week-end, Kev installait le motorhome de Jonathan le mardi, travaillait dans l’hospitality Ten Kate Honda tout le week-end, puis à préparer le motorhome le lundi pour rentrer à la maison ou se rendre à la course suivante.
 
Dans une course, tout est tellement structuré, il y a tant de petits détails qui doivent être réglés au moment voulu, il faut réagir aux changements de météo ou à d’autres difficultés, que l’expérience de Kev dans l’armée peut s’avérer utile. « L’armée britannique fonctionne avec des exercices, un exercice pour chaque chose, confie Kev. Jonathan aime que tout soit identique, les cuirs, les casques, tout est disposé exactement de la même manière. À moins qu’il ne veuille changer les choses et me le fasse savoir, il n’y a pas de dérogation. »
 
À l’opposé, Mario, l’assistant d’Alvaro Bautista, fait le même métier mais est issu d’un milieu très différent. Alvaro et lui ne sont pas seulement engagés dans une relation employeur/employé, ils ont grandi ensemble dans leur ville natale de Talavera de la Reina, située à l’ouest de Madrid. Ils faisaient des courses de pocket bike ensemble, dès l’âge de quatre ans ! Leurs pères étaient même amis avant qu’ils ne viennent au monde.
 
Mario et Alvaro vivent encore dans la même ville où ils ont grandi : « J’ai commencé à travailler avec Alvaro dans les GP en 2013, et j’ai continué depuis, déclare Mario. Mon travail consiste à m’assurer qu’Alvaro ne pense qu’à la course. Les combinaisons, les bottes, les casques, je m’en occupe. J’ai organisé un service rapide avec les casques Scorpion, Sidi, etc, pour garantir qu’il soit toujours prêt. »
 
En plus de ce travail itinérant, Mario a également son propre atelier de peinture. « Je peins des casques, des voitures, des vélos, tout, » explique-t-il. Une particularité de leur relation est que, bien qu’il voyage partout ensemble, seul Alvaro conduit les voitures de location. Même si c’est pendant des heures pour se rendre aux courses ou aux aéroports, après un long voyage. « Je ne suis que le copilote, je regarde la carte sur le téléphone en criant “Gauche ! À droite ! Gauche ? Stop !” » 
 
Un autre type d’assistant presque accidentel concerne celui d’Alex Lowes, Dave « Rocky » Ryan. Il est autant l’ami personnel d’Alex que son employé, mais il n’y a pas vraiment de lien avec la moto. Rocky est un boxeur professionnel récemment retraité, un combattant. Il a rencontré Alex Lowes pour la première fois dans le gymnase où ils s’entraînaient tous les deux. Ils avaient le même entraîneur de force et de conditionnement, Kirk Gibbons. « Nous avions l’habitude de nous entraîner ensemble le matin, confie Rocky. Au début, je ne connaissais rien à la course moto, mais nous avons fini par passer beaucoup de temps ensemble, à jouer au golf, à sortir manger avec des amis. J’ai quelques années de plus qu’Al, même si je n’en ai pas l’air, et je lui ai dit : “Quand je me retirerai de la boxe, je viendrai voyager avec toi, je t’aiderai dans tout ce que tu fais, je serai ton assistant.” Je pense que 2016 était mon dernier combat et depuis 2017, c’est ce que j’ai fait. » 
 
Le travail de Rocky s’accorde bien avec sa vie de famille, même s’il peut s’absenter pendant de longues périodes. Et ne sous-estimez jamais le vide laissé dans la vie d’un sportif professionnel lorsqu’il prend sa retraite. « Je dirais à 100 % que cela m’a beaucoup aidé. J’ai juste arrêté la boxe et je n’avais rien à faire. »
 
Michael van der Mark est un coureur que Simon Bentley connaît depuis longtemps, même s’ils ont tout juste commencé à collaborer cette saison dans leurs nouveaux rôles, lui comme pilote d’usine BMW et Simon comme assistant. « Je connais Michael depuis des années, et quand je dis des années, je veux dire que ça remonter à l’époque STK600. Mon équipe a toujours couru contre lui jusqu’à ce qu’il quitte le Supersport et qu’il commence sa carrière en Superbike. Mais nous sommes toujours restés de très bons amis. »
 
Bentley affirme que le travail devient plus complexe, au contraire. « La chose évidente que vous pouvez voir est la préparation de tout leur matériel, vous êtes là pour eux sur la grille, et ils ont leurs propres routines. Les équipements modernes… ils sont beaucoup plus techniques, les airbags doivent être rechargés, vérifiés et changés. Bien sûr, il faut aussi veiller à ce que tout soit présentable, s’assurer que les pilotes sont hydratés. Parfois, il s’agit aussi de petites choses stupides comme “peux-tu apporter ces places au parking pour moi ?” Plus vous pouvez leur libérer du temps, plus ils peuvent en passer avec le chef mécanicien. Ils n’ont pas besoin de stress. »
 
Le pilote est le patron et l’assistant ne l’est pas, bien sûr, mais il semble que ce dont le pilote a le plus besoin, c’est de quelqu’un qui soit là quand a besoin de lui, pour que ses week-ends potentiellement stressants se déroulent comme une horloge, sans interruption ni problème supplémentaire. En d’autres termes, quelqu’un de fiable.
 
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